Quand Montreux raconte son développement en images
La Commune de Montreux, fusionnée avec le Châtelard et les Planches, vient de fêter son 60e anniversaire. L’occasion pour les Archives de la Ville de publier un livre qui retrace l’histoire de la commune, depuis l’unification de 1962 jusqu’à nos jours. Cette rétrospective en images s’inscrit dans la publication plus large des archives iconographiques de la perle de la Riviera.
Les archives de la commune de Montreux regorgent de trésors. Des dizaines de milliers de documents, notamment des images et des photographies, qui sont soigneusement classés, préservés. L’historienne et archiviste communale Nicole Meystre-Schaeren s’attache à mettre en valeur ces témoins privilégiés du passé et à retracer l’histoire de la région dans toute sa diversité. C’est ainsi qu’ont été édités déjà trois ouvrages intitulés « Empreintes du Temps ». Le dernier en date, publié en fin d’année dernière, s’attache aux six dernières décennies de la perle de la Riviera et revient sur les démarches qui ont abouti à la fusion en 1962. Au fil de 15 courts chapitres, on découvre comment les villages-quartiers des Planches et du Châtelard se sont unis pour donner naissance au Montreux d’aujourd’hui.
Le livre est l’occasion de se plonger dans le passé et de découvrir une rétrospective des événements qui ont marqué la vie et l’histoire montreusienne depuis plus d’un demi-siècle. L’occasion de poser un regard sur les moments fastes et les jours plus sombres, les grands événements et la plus petite histoire de la commune.
Crédit image: Archives de Montreux, Fonds MOB, PP35 2-3-5-23. Photographie Éd. Boulland
1908 - 1909. Gare de Montreux lors du chantier de la construction de la ligne Montreux-Glion. Ces infrastructures imposantes n’auraient jamais pu voir le jour sans les immigrés italiens. Maçons, travailleurs de la pierre, manoeuvres ou plâtriers, ils sont originaires pour la plupart du nord de l’Italie jusque vers les années 1900. Plus tard, des ouvriers des régions plus méridionales les rejoignent.
L’ambition de cette collection dès son premier tome, publié en 2018, a été de raconter Montreux, notamment à travers ses photographies. Et ça tombe bien, le développement urbanistique de la ville coïncide avec la démocratisation de la photographie. A partir des années 1860, les photographes sortent de leur atelier, posent leur trépied dans la rue ou en pleine nature, documentent le paysage. C’est justement dès cette deuxième moitié de XXe siècle que la Riviera vaudoise va connaître des transformations profondes induites principalement par l’arrivée du tourisme.
Le moteur touristique
A découvrir les photos du temps passé, on réalise à quel point ce tourisme est omniprésent. Entre 1850 et 1950, la paroisse de Montreux composée d’une vingtaine de villages ruraux, éparpillés entre lac et montagne, s’est métamorphosée. Un bandeau urbain continu a relié Clarens à Territet, les hameaux se sont densifiés et ont été desservis par un réseau dense d’infrastructures publiques (routes, chemins de fer, tramways, funiculaires…)
Sur les images, on devine le Grand Hôtel de Caux qui domine le lac de sa solitude au milieu des pâturages. Sa construction est concomitante avec celle de la ligne des Rochers de Naye. Une épopée touristique. Au même titre que la création de la ligne Montreux-Oberland Bernois qui ponctue l’offre en infrastructures permettant de relier les Avants à la plaine. Porte ouverte pour les sports d’hiver. Grand Hôtel des Avants, Hôtel de Jaman pointent leur silhouette sur fond de prairies enneigées de narcisses.
Les événements marquants sont légion. Et, on s’en doute, le monde de la construction et les bouleversements urbanistiques sont omniprésents. On découvre avec bonheur le témoignage de la construction du Pont de Brent en 1900 - 1901. On distingue les ouvriers sur les échafaudages, le gabarit en bois, le cintre qui soutient la voûte du futur ouvrage, long de 112m et haut de 24 m.
Des articles fouillent aussi l’histoire locale et ses lieux emblématiques. C’est le cas, par exemple, d’une chronique fort documentée sur la Maison Visinand dans la Vieille-Ville. Un voyage dans la pierre et le temps qui nous raconte l’évolution d’une bâtisse, hôtel-pension devenu centre culturel abritant théâtre et conservatoire.
Hommage aux ouvriers
Et puis que ce soit en texte ou en photos, il y a en permanence la présence des ouvriers qui ont fait Montreux. Bien sûr on a tous en mémoire, l’immigration italienne qui a construit la Suisse moderne après la Deuxième Guerre mondiale. Mais cette immigration n’était pas la première. Loin de là. Ces travailleurs ne sont que les héritiers de nombreuses générations antérieures remontant jusqu’au Moyen-Age. « Empreintes du temps » leur rend hommage et c’est juste émouvant. ■
« Empreintes du Temps », 3 volumes édités par la Commune de Montreux. En vente à la librairie Payot de Montreux.