L'EPFL cherche à prévenir les risques sismiques liés à la géothermie
Des chercheurs de l'Ecole polytechnique fédérale de
Lausanne (EPFL) ont développé un modèle qui, dans le contexte de la géothermie
profonde, devrait fournir des informations sur les risques sismiques liés à
l'injection de fluides dans le sous-sol.
Crédit image: Licya Puleio, pixabay.com, domaine public
Les forages géothermiques à grande profondeur présentent un danger potentiel de déplacement des couches rocheuses. Des tremblements de terre peuvent en résulter.
A l’heure de la décarbonisation, trouver des moyens de
sécuriser l’extraction de l’énergie géothermique de grande profondeur est
devenu une priorité de l’industrie. Un groupe de chercheurs dirigé par Brice
Lecampion, professeur associé à l'EPFL est spécialisé dans la modélisation des
divers comportements des sous-sols. Lecampion dirige le Laboratoire de
géo-énergie (GEL) et la Chaire Gaznat de géo-énergie à la Faculté
d'architecture, d'ingénierie civile et environnementale (ENAC). Les
scientifiques s’intéressent aux implications de la géothermie, en particulier
aux conséquences des interactions des écoulements de fluide dans les failles
des roches. Ces domaines de recherche sont au cœur des technologies actuelles
associées à l’extraction de cette énergie renouvelable. Leur dernière
découverte publiée dans le journal Proceedings of the Royal Society A apporte
de nouvelles pistes dans le domaine, notamment une meilleure compréhension des mécanismes
physiques sous-jacents qui déclenchent les tremblements de terre pendant et
après les opérations géothermiques.
Risques à ne pas ignorer
En Suisse comme ailleurs, certains sites pilotes de géothermie de grande
profondeur (entre 4 et 6 km sous la surface) provoquent des tensions au sein de
la population locale en raison de ces fameux risques sismiques associés et de
potentielles pollutions des sous-sols. Le dernier exemple en date est le projet
de Haute-Sorne dans le canton du Jura qui divise ses habitants.
Stimulation hydraulique
Les forages de moyenne profondeur ont lieu dans des sols perméables où l’eau
circule facilement. En explorant des réservoirs en plus grande profondeur, les
sols deviennent généralement plus imperméables. La technologie utilisée dans ce
genre de cas est appelée la stimulation hydraulique. En sous-sol, il existe
déjà de nombreuses fissures naturelles qui sont autant de chemins pour laisser
passer l’eau. Soit les ingénieurs stimulent ces fissures existantes avec des
injections de fluide, soit ils en créent d’autres artificiellement, afin
d’augmenter la perméabilité des sols. Le risque majeur de la stimulation
hydraulique est de déclencher des tremblements de terre. C’est ce qui s’est
passé, par exemple, en 2006, lors d’un projet pilote à Bâle. Les opérations
d’injection de fluide ont provoqué un séisme d’une magnitude de 3 et par
conséquent l’abandon du projet.
Simulation en 3D
Les scientifiques ont développé un modèle numérique en 3D
pour expliquer comment la stimulation hydraulique peut provoquer un risque
sismique pendant et après l’arrêt des injections, en favorisant la déformation
retardée des fractures et le déclenchement d’un tremblement de terre.
Les recherches permettent de mieux comprendre les forces
physiques en jeu. C'est un pas en avant vers la mise en œuvre d'approches
fondées sur la physique pour gérer le risque sismique inhérent à ces opérations
et, en fin de compte, pour libérer le grand potentiel de l'énergie
géothermique. Avec pour but de faciliter la décarbonisation du système
énergétique.