A Neuchâtel, une bâtisse vigneronne n’en finit plus de révéler ses secrets
La rénovation de la Maison Carrée d’Auvernier (NE) a révélé des trésors oubliés. Un plafond datant de 1504 et un décor mural polychrome représentant une scène de chasse ont permis aux archéologues neuchâtelois de se plonger dans la Renaissance. Ces découvertes seront exposées lors des Journées européennes du patrimoine, en septembre prochain.
Crédit image: Golpask, CC_BY-SA_4.0
Située au cœur du village médiéval d'Auvernier (NE), la Maison Carrée révèle des secrets datant d’avant la date connue de sa construction.
A Auvernier (NE), la taille et la prestance de la Maison carrée, bâtiment viticole emblématique bâti en 1804-1805, ne doivent pas faire oublier l'intérêt historique de la maison voisine plus ancienne située au nord. Une campagne de travaux, impliquant le démontage de boiseries du XVIIIe siècle, a révélé des vestiges du XVIe siècle, notamment des fenêtres à meneaux cintrées et un plafond à solives moulurées. Une analyse du bois par dendrochronologie a permis de dater ce dernier de 1504.
Une fresque historique de la Renaissance
Dans une des pièces à l'étage, un décor polychrome peint sur l'enduit à la
chaux du mur nord montre divers personnages accompagnés de leurs chiens
traquant un cerf. La scène s'inscrit au sein d'ornements floraux. Il s'agit
d'une scène de chasse, passe-temps favori des seigneurs et des nobles de la
Renaissance. Sur une autre paroi, un œil attentif reconnaîtra des personnages
féminins, un ours et un lion affrontés ou encore saint Michel.
Crédit image: Office cantonal neuchâtelois de l'archéologie et du patrimoine
La fresque découverte sous les boiseries représente une partie de chasse au XVIe siècle.
Les vêtements et coiffures constituent également un marqueur chronologique. La plupart des motifs appartiennent en effet à une iconographie courante à la Renaissance et peuvent être rapprochés d'ensembles décoratifs connus sur territoire neuchâtelois, bernois ou vaudois. Leur comparaison apporte un éclairage très intéressant sur la production picturale du dernier quart du XVIe siècle, puisqu'elle permet d'émettre l'hypothèse de l'existence d'un atelier de peintres décorateurs itinérant usant d'un répertoire de modèles tirés de l'estampe gravée.
Derrière les boiseries
Ce type de décor reste toutefois une rareté et n'a que peu souvent traversé les
siècles sans disparaître. A Auvernier, les peintures ont échappé à la
destruction et aux changements de mode, grâce à leur dissimulation durant
plusieurs siècles derrière des boiseries. Les vestiges de ce décor viennent
d'être restaurés par l'atelier de conservation-restauration d'art Sinopie.
Le bâtiment sera ouvert
à la visite lors des prochaines Journées européennes du patrimoine, prévues du 6 au 8 septembre 2024.