Une usine d’armement reconvertie en pôle d'innovation à Saint-Etienne
Le bâtiment de l’ancienne usine d’armement de Saint-Etienne est emblématique de l'histoire industrielle de la ville. Sa reconversion accueille désormais un quartier basé sur la création. Avec des programmes prestigieux comme la Cité du design, diverses antennes universitaires et surtout le Centre des savoirs pour l'innovation (CSI).
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La rencontre du patrimoine architectural industriel avec le monde de la culture et de la connaissance d'aujourd'hui, a indéniablement généré un «génie des lieux».
L’ancienne usine d'armement de Saint-Étienne a été construite en 1864. Elle s'étend sur une surface de 12 ha au nord du centre-ville. Conçue dans l'esprit de l'architecture rationaliste du XVIIIᵉ siècle, elle est un «palais» industriel et militaire composé de pierre blanche et de brique rouge. Elle incarne l'idéal esthétique d'une époque enivrée par les fortunes générées par la révolution industrielle.
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L’ancienne usine s'étendait sur une superficie de 12 ha au nord du centre-ville de Saint-Etienne.
La façade orientale de l'ancienne cité industrielle comportait un atelier de 135 m de long et de 22 m de haut fermé en 1989 à la suite du déclin de l'usine. L'ensemble du site fut abandonné avant d'être classé monument historique en 2006. Le bâtiment «Les Forges» est l'un des éléments qui aura le plus longtemps attendu sa reconversion après avoir enduré près de 30 ans d'abandon et brûlé en partie. Il n'en restait que quatre façades détériorées, dont la principale a été vidée.
Transformation
pour l’histoire
Enfin, sous la direction du bureau K Architectures, il a été transformé pour
accueillir le Centre des savoirs pour l’innovation, au plus près de ses
vestiges. Sa transformation a recherché un équilibre fragile et passionnant
entre un patrimoine classé monument historique et un style contemporain.
L'attique a été conçu aux frontières du minimalisme, où ce courant artistique
majeur pousse le référent pittoresque à la limite de l'abstraction. Ce référent
est tiré du fonctionnalisme industriel du XIXᵉ siècle.
C'était une époque où le romantisme se rapprochait lentement de la modernité, où la lumière naturelle était incontournable et où les façades des ateliers rivalisaient pour la capter. C'est dans cet esprit que le volume du bâtiment d'extension a été conçu comme une abstraction de verre avec un métal prépatiné intemporel. L'objet est matérialisé par une répétition systématique de bandes verticales alternant verre et métal. Ces lignes graphiques se succèdent dans un rythme inflexible et traversent les quatre façades du projet.
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Le Centre des savoirs pour l’innovation est le lieu de l’innovation scientifique, technologique et pédagogique. Les salles de cours sont modernes et équipées d' équipements numériques et audiovisuels de pointe.
Vues de face, les bandes d'acier rouillées se dérobent à la vue et donnent une massivité transparente. Vues de profil, les lames d'acier cachent rapidement les fines ouvertures et donnent une impression de massivité opaque. Ainsi, ceux qui marchent le long de cette façade verront qu'elle devient de plus en plus opaque au fur et à mesure qu'ils regardent.
Trois niveaux ont été développés dans l'enveloppe de l'ancien atelier. Le rez-de-chaussée est dédié au Centre d'innovation, composé de nouveaux ateliers qui accueillent des machines de haute technologie pour la recherche appliquée. Le premier étage est partagé entre un Learning Center (centre de ressources), un incubateur d'entreprises et un enseignement innovant. Enfin, le dernier étage est entièrement occupé par un centre d'enseignement.
Triple hauteur
et sobriété
L'architecture intérieure est sobre et lumineuse. Les ambiances feutrées
allient les blancs et les minéraux mats au béton brut. L'agora met en scène ce
thème sur une triple hauteur. La toiture est recouverte de zinc et orientée en
impluvium pour la faire disparaître dans le paysage urbain et réduire la
profondeur des puits de lumière destinés à éclairer naturellement l'axe central
des étages. Aucune machine disgracieuse telle que les centrales de traitement
d'air n'a été placée sur ce toit. Tous ces éléments ont été intégrés dans les
volumes bâtis. Enfin, la pierre structurelle des vestiges a été restaurée et
intégrée dans le schéma statique global. Un complexe singulier, interposant un
mur à ossature bois et des portiques en béton sur la pierre, a été conçu
spécialement pour cette opération de reconversion.