Restauration hors de prix: le théâtre l'Alcazar est vendu aux enchères
Le théâtre l’Alcazar de Territet a connu des heures de gloire. Il a même vu Sissi l’Impératrice valser sur son parquet. Mais après plusieurs incendies, un chantier abandonné pendant des années faute de financement, le bien d’importance nationale est mis aux enchères par l’Office des faillites. Vu l’état de l’édifice, il risque d’être bradé.
Décidément sur la Riviera, les biens d’exception se vendent aux enchères par le biais de l’Office des faillites. Après l’appartement de Freddie Mercury, c’est au tour du théâtre l’Alcazar d’être mis à l’encan. La date est déjà réservée par les investisseurs: le 8 décembre prochain à Vevey.
Incendies à répétition
Intégré au Grand Hôtel de Territet, l’Alcazar dessiné par l’architecte vaudois Eugène Jost est un immeuble style Belle Epoque construit entre 1883 et 1911, classé monument historique, note 1. Acquis par Dad Régné en 1979, il a été partiellement détruit par six incendies pour cause de défaillances électriques. Les feux de 2012 et 2013 ont eu raison des finances de la famille Régné. L’Etat de Vaud a même dû investir dans des travaux de préservation urgents afin de sauver l’ensemble.
Vendu à perte
Aujourd’hui, l’heure est donc aux poursuites et enchères. Mais à lire le rapport d’expertise, l’objet pourrait bien être bradé. L’Office des faillites espère en retirer 3, 5 millions, alors que sa valeur intrinsèque, selon le rapport d’expertise immobilière, est de 8 millions!
Un rapport qui relève les points forts de l’objet: «Situé au cœur d'un site historique de la Belle Epoque, avec le départ du plus ancien funiculaire de Suisse et le parc des Roses au nord et l'ancien hôtel des Alpes au sud, l'immeuble jouit d'une belle visibilité pour les activités culturelles et de restauration.» Mais c’est tout!
Vétuste, obsolète, endommagé
Les inconvénients et désavantages de ce lieu emblématique font frémir: «L'ensemble du bâtiment, extérieur et intérieur, est en très mauvais état. Les façades, qui n'ont visiblement pas bénéficié d'une rénovation majeure depuis la construction, sont très endommagées par les ans. En sus, le tout a été énormément détérioré par les différents incendies. La toiture nord-est, totalement détruite lors de l'incendie de 2012, n'a jamais été reconstruite. Les arcades, l'ancien restaurant, les dépôts, les logements, les parties communes et les installations techniques sont très vétustes et obsolètes. Des travaux de rénovation ont débuté un peu partout dans ces locaux sans toutefois aboutir. Faute de moyens financiers, ils ont été suspendus. L'ensemble est en chantier.»
Et de poursuivre: «En ce qui concerne la partie historique, particulièrement la salle des fêtes, toutes les peintures et stucs ont été nettoyés depuis l'incendie de 2012. Malheureusement, à cause de l'incendie de 2018, ce travail doit être repris dans une moindre mesure. Les anciennes loges et la scène, incendiées en 2012, sont toujours sinistrées. La façade fermant ces locaux, détruite lors de l'incendie, a été reconstruite de manière sommaire. Une reconstruction respectant l'identité du monument devra être entreprise par le nouveau propriétaire.»
Gouffre à millions
Résultat: le théâtre Alcazar risque bien d’être vendu en dessous de l’estimation de l’Office. Le coût de la restauration est estimé entre 5 et 7 millions pour les travaux urgents et à 12 millions pour une rénovation de prestige.