10:18 ARCHITECTURE

Mobilité sur l'arc lémanique: Quo Vadis?

Pour sa journée 2013, la Fédération Infra revient sur le thème de la mobilité déjà affronté en 2008 et 2009. Si quelques projets ont heureusement pris forme durant ces cinq ans, ils restent malheureusement insuffisants.

les plans pour les prochaines années gardent trop de zones d’ombre. Des responsables des CFF et de l’OFROU ainsi que des représentants du monde scientifique et politique ont répondu aujourd’hui aux interrogations des entrepreneurs et se sont confrontés autour d’un sujet qui nous concerne tous.

Depuis janvier 2010, on circule sur la bande d’arrêt d’urgence de l’autoroute entre Ecublens et Morges-Est. Bien ! Le chantier du CEVA a été ouvert en novembre 2011. Excellent ! La halte CFF de Prilly-Malley a été inaugurée au mois de juin dernier. Parfait ! Et maintenant ? Telle est la question que se posent de nombreux entrepreneurs actifs dans la construction d’infrastructures ainsi qu’une très large frange de la population qui, malgré ces quelques signaux encourageant, continue de subir la congestion quasi permanente des réseaux de transports romands.

Ainsi, la Fédération Infra – Organisation professionnelle des entreprises actives dans la construction d'infrastructures – se ressaisit de la question de la mobilité déjà affrontée à maintes reprises. En effet, pour sa journée annuelle, qui a eu lieu aujourd’hui même mardi 5 février 2013 au Rolex Learning Center de l’EPFL, elle a convoqué des hauts fonctionnaires, des scientifiques et des politiciens afin de faire le point sur les projets en cours et à venir et donner voix à ses membres qui ont le sentiment que les choses ne bougent pas assez et pas assez vite !

Urs Hany, Président de la Fédération Infra, a souligné dans son message de bienvenue qu’il y a longtemps que les infrastructures routières et ferroviaires ne répondent plus aux besoins de la population dans l’arc lémanique et d’ajouter : « Il est grand temps de réaliser les projets qui dorment dans les tiroirs et d’entrer pleinement dans le 21ème siècle ! ».

Pour donner forme à la manifestation, c’est tout d’abord Patrick Eperon, Secrétaire patronal au Centre Patronal de Paudex qui a exposé le bilan des faits. Spécialiste de la question, Patrick Eperon est notamment coordinateur du Comité rail-route Vaud-Genève ainsi que membre du Comité de l’Association routière vaudoise et a publié de nombreux articles et études sur les infrastructures de transports dans la région lémanique. Sa conférence d’introduction, objective et néanmoins piquante, a servi de base au débat qui donnait son intitulé à la journée : « Mobilité arc lémanique : Quo Vadis ? ». Il a rappelé le rôle crucial des autoroutes qui ne représentent que 3 % du réseau routier mais assurent plus du 40% du transport marchandise et une part prépondérante du transport de personnes. « Certes, on prévoit deux fois plus de voyageurs dans les trains entre Lausanne et Genève d’ici 2030 mais également 30% de véhicules en plus sur l’autoroute ! Il ne faut pas négliger le financement de cette infrastructure ! », a-t-il tonné. « Seul un développement parallèle de la route et du rail permettra de faire face à la croissance de la mobilité sur l’arc lémanique, 2ème métropole de Suisse aussi bien au plan démographique qu’au plan économique ».

Au cours du débat modéré par Ivan Frésard, journaliste bien connu des romands, Philippe Gauderon, Chef de la division Infrastructure aux CFF, a rappelé les énormes investissements déjà réalisés par les CFF. « Les CFF ne négligent pas l’arc lémanique ! C’est même une région prioritaire en terme de projets de développements et le programme Léman 2030 le prouve ! », a-t-il dit.

Pour sa part, Jürg Röthlisberger, Directeur suppléant de l’Office fédéral des routes OFROU a admis que les grands projets prennent peut-être trop de temps à prendre forme. « Le fédéralisme a ses limites, mais depuis le passage de la gestion des autoroutes des cantons à l’OFROU, les améliorations sont notables. Le financement des autoroutes doit être mieux défendu ! », a-t-il estimé.

Hardant défenseur de la mobilité douce et des transports en commun, le Conseiller national Vert genevois Antonio Hodgers a plaidé pour un pragmatisme visionnaire. « La voiture n’est pas un projet d’avenir ! Mais vous ne devez pas craindre pour la pérennité de vos entreprises, a-t-il dit en s’adressant aux entrepreneurs présents dans l’assistance, nous devons tous ensemble imaginer la mobilité de demain et les infrastructures qui vont avec. »

Le contournement de Morges et la planification de l’assainissement des ponts, les deux exposés techniques présentés respectivement par Jean-Luc Poffet, Chef Planification des réseaux à l’OFROU et par le Dr. Bryan Adey, Professeur à l’école polytechnique de Zurich au sein de l’Institut pour la Construction et le Management des Infrastructures (IBI) du Département de génie civil, ont conclu la journée. (BA/com)

Journée Infra 2013 - Lucerne

Pour davantage de transparence dans le financement des transports

La promotion des transports publics est juste. Mais il ne faut pas pour autant négliger la route, qui reste le principal vecteur de transport. Les besoins de l’économie doivent peser plus lourd, dans les projets de développement, que les désirs particuliers motivés par une politique régionale. C’est ce qu’ont souligné les constructeurs suisses d’infrastructures lors de leur traditionnelle Journée Infra, à Lucerne.

A l’avenir, la Confédération accordera davantage de poids à l’entretien et au renouvellement des réseaux qu’à leur développement, a déclaré Walter Thurnherr, secrétaire général du Département fédéral de l'environnement, des transports, de l'énergie et de la communication (DETEC). Le développement doit être évalué davantage en fonction de l’urgence, de l’efficacité et du rapport coûts/avantages. « Les investissements nécessaires doivent être financés sur la base du principe de causalité », a précisé Thurnherr. Les goulets d’étranglement dans les réseaux de transport existent déjà depuis longtemps et vont s’aggraver. D’ici à 2030, le transport de personnes devrait augmenter de 25 pour cent, selon l’Office fédéral de la statistique, et même de près de 50 pour cent pour le transport de marchandises. C’est la raison pour laquelle le Conseil fédéral et le Parlement doivent décider rapidement où et avec quel argent les réseaux routier et ferroviaire doivent être développés.

Enfin à nouveau des débats sans tabou

Pour le réseau ferroviaire, le Conseil fédéral propose un fonds d’infrastructure ferroviaire, destiné à financer le développement et l’entretien. Le fait que le Conseil fédéral étudie une solution similaire pour la route doit être salué, a estimé Benedikt Koch, directeur de la Fédération Infra. La Confédération aurait l’intention de rendre le financement des transports plus transparent. Au contraire de nombreux cantons. En cas de besoin, les recettes de la circulation routière iraient dans le budget général. « Dans ce cadre, la transparence et la vérité des coûts représentent non seulement une exigence élémentaire en matière d’équité », estimait Koch, « mais aussi une condition de base pour une politique efficace dans le domaine des infrastructures. »

La possibilité de débattre à nouveau sans tabou de projets de construction routière est très réjouissante, a souligné Urs Hany, président de la Fédération Infra. « Il est grand temps d’avoir des discussions factuelles, que ce soit sur un second tube au Gothard ou sur l’élimination des goulets d’étranglement sur le réseau des routes nationales. » Au niveau du développement des infrastructures ferroviaires, il souhaite également que les tiraillements régionaux pour la répartition des contributions fédérales fassent place à un débat plus factuel. Mais il faut aussi être conscient que le développement a des limites, notamment pour des raisons financières. Nous avons besoin, en Suisse, des deux vecteurs de transport, a souligné Hany : la route et le rail.

L’acceptation d’investissements en faveur de la route a augmenté

Le géographe politologue Michael Hermann constate une compréhension accrue, de la part de la population, en faveur des besoins de la route. Cela serait lié, en particulier, à l’importante augmentation de la population de ces dernières années. Comme l’a également souligné Hermann, la plus grande acceptation d’investissements en faveur de la route ne se fait pas au détriment de l’engouement des Suissesses et des Suisses pour le rail. L’inclination de la population pour le transfert de la route au rail ne serait toutefois pas sans limites. Ainsi, les initiatives des milieux rouge-vert en matière de politique des transports seraient la plupart du temps rejetées avec une proportion élevée de non. « La population ne veut pas seulement plus d’argent pour la route, elle veut aussi plus d’argent pour le rail. Et tout cela, sans devoir payer davantage pour leur utilisation. » Selon Hermann, c’est à l’élite politique qu’il incombe de fixer les limites de ces désirs particuliers.

Davantage de capacité plutôt qu’une réduction des temps de parcours

Dans le cadre du développement du réseau ferroviaire, l’élimination des goulets d’étranglements est nettement plus importante que la réduction des temps de parcours. C’est la position qu’a défendue Werner Stohler, un spécialiste international reconnu dans le domaine de la planification des transports. Le développement des transports de ces dernières années et les prévisions pour les années à venir exigent clairement une stratégie en matière de développement des capacités. Cela profiterait également au transport de marchandises par le rail. Stohler a mis en garde contre des investissements régionaux destinés uniquement à réduire les temps de parcours.

La route pour un transport de marchandises durable

Les transports de marchandises par la route sont confrontés à la fois à des objectifs climatiques ambitieux et à l’augmentation importante du trafic. Stefan Klatt, directeur des relations avec le gouvernement et la politique chez le constructeur automobile allemand MAN SA, a présenté les réactions de l’industrie des véhicules utilitaires. Il s’est montré convaincu que les véhicules utilitaires « contribueront de manière déterminante au bien-être et à la qualité de vie », également durant ces prochaines décennies. L’industrie serait capable de produire des véhicules écologiquement encore plus efficaces. Des valeurs limites motivées par des considérations politiques ne seraient pas nécessaires, du fait qu’une plus faible consommation de carburant, notamment pour les véhicules utilitaires, représenterait aujourd’hui déjà le critère d’achat le plus important.

Vers de nouveaux horizons

Dans la construction, les entreprises travaillent traditionnellement à l’échelle nationale, voire régionale. Celles qui osent élargir leur horizon découvrent toutefois de nouveaux défis et apprennent à développer de nouvelles solutions. Robert Hormes a fait le pas et a construit des stades en Afrique du Sud et au Brésil pour les Championnats du monde de football. Lors de la traditionnelle Journée Infra, à Lucerne, il a parlé de son expérience peu banale. Il n’y a guère de projets aussi chargés d’émotion qu’un nouveau stade de football. Hormes a encouragé les participants à faire le pas et à s’ouvrir à de nouveaux horizons. « Seul celui qui sort de sa propre langue et de sa propre culture conserve la faculté de se poser des questions. Et ce n’est qu’en se posant régulièrement de nouvelles questions que l’on peut développer de nouvelles idées.» (com)

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