L’inspiration du Corbusier honorée dans des logements aux Eaux-Vives
Dans le quartier genevois, les deux immeubles Blanvalet-Décembre rejoignent l’inventaire cantonal digne de protection pour proposer un hommage au brutalisme. Le Corbusier en a largement inspiré ses architectes du début des années 1970, notamment dans les façades et l’agencement intérieur.
Crédit image: Yvan Delemonthey, Etat de Genève
Les deux immeubles de sept et cinq étages remettent les canaux urbanistiques des années 1970 au goût du jour.
L’architecture brutaliste continue de profondément marquer les esprits à Genève, avec le classement d’un complexe de deux immeubles construits dans le quartier des Eaux-Vives. Le bâtiment Blanvalet-Décembre, situé à la croisée des deux rues éponymes, est un digne représentant du style développé par le Corbusier. Il rejoint l’inventaire digne de protection du canton.
Crédit image: Yvan Delemonthey, Etat de Genève
Le style cannelé du béton Rudolph distingue les façades de ces immeubles.
Les deux architectes de l’époque de la construction de ce bien, Urs Tschumi et Michel Heurteux, associés à l’ingénieur René Epars, ont imaginé et réalisé deux volumes imbriqués de 34 appartements au début des années 1970. Malgré l’exiguïté de la parcelle et une situation à l’angle de deux rues, ils ont réussi la prouesse de construire deux immeubles aux lignes épurées, dans la mouvance du Corbusier. Leur travail rappelle surtout les unités d’habitation que le génial architecte chaux-de-fonnier a conçues, notamment à Firminy, près de Saint-Etienne.
Entre dépouillement
et couleurs
Le canton a été sensible aussi aux façades de ces deux bâtiments de cinq et sept
étages surmontés chacun d’un attique. La texture de l’enveloppe évoque au béton
Rudolph par un quadrillage et ses cannelures. Sa géométrie stricte contraste
avec des détails plus raffinés et colorés, avec des baies vitrées en acajou, des
stores orange vif, des parapets en verre armé translucide et des brise-vues
orientables en aluminium qui jouent avec la lumière.
L’agencement intérieur rappelle aussi Le Corbusier dans toute sa splendeur. Il repose sur une alternance de duplex montants et descendants emboîtés autour d’un corridor central. Les logements offrent des séjours à double hauteur avec loggias et chambres parentales en mezzanine. Les architectes de l’époque ont aussi déjà joué sur l’ouverture des cuisines sur le séjour.
Le canton de Genève tient ainsi un nouveau joyau du brutalisme et ses déclinaisons dans l’immobilier. L’immeuble Blanvalet-Décembre témoigne aussi de l’innovation urbaine de son époque. Il s’intègre dans son voisinage tout en détonnant par son architecture audacieuse.