15:33 ARCHITECTURE

L’hôtel de ville de Montréal réussit sa réhabilitation patrimoniale

Teaserbild-Quelle: V2com, Raphaël Thibodeau.

La mégapole québécoise a voulu restaurer son hôtel de ville pour renforcer le prestige de ce bâtiment et améliorer le confort de son personnel. Les architectes ont réorganisé les bureaux, rapproché citoyens et administration, et garanti des espaces inclusifs respectant les normes d’accessibilité universelle.

La rénovation de l’hôtel de ville de Montréal représente un projet majeur pour la ville et ses habitants. A ce jour, c’est l’un des plus ambitieux chantiers de préservation du patrimoine au Québec.

Crédit image: V2com, Raphaël Thibodeau.

La rénovation de ce bâtiment construit au XIXe siècle représente l'un des plus ambitieux chantiers de préservation du patrimoine au Québec.

Construit entre 1872 à 1878, l’hôtel de ville de Montréal a été le premier au Canada uniquement pour loger une administration municipale. Son style Second Empire et son échelle monumentale témoignent de l’importance de la ville en Amérique du Nord à la fin du XIXe siècle et célèbrent son héritage français. Un incendie majeur survient en 1922 et n’épargne que les murs de pierres. L’édifice est reconstruit et surhaussé d’un étage en 1925. Il vient d’être restauré.

Travaux de restauration massifs
Le projet  est à ce jour l’un des plus vastes chantiers de restauration patrimoniale au Québec. L’équipe de Beaupré Michaud et Associés, avec MU Architecture et dix autres bureaux, l’ont piloté depuis 2017. Après sept ans de travail et un mode de projet en gérance inédit à Montréal, le nouvel hôtel de ville a ouvert ses portes.

Lorsqu’a débuté le projet, la majorité des systèmes étaient vétustes. Les locaux étaient sombres, encloisonnés et désorganisés. En analysant les plans anciens de Louis Parent, architecte de la reconstruction de l’édifice, les artisans de cette restauration ont amélioré l’apport de lumière naturelle et consacré une place prépondérante aux activités civiques. Ces grands principes dévoilés par les recherches historiques ont guidé les architectes dans la conception de leur projet. Le citoyen est placé au cœur du programme. Certains murs sont ouverts et des cloisons sont retirées, permettant à la lumière naturelle d’imprégner à nouveau le lieu.

Plusieurs niveaux
Ce bâtiment iconique montréalais propose des parcours de visites qui traversent les trois premiers niveaux en passant par un hall d'honneur, la salle du Conseil, le balcon du Discours et le nouveau salon de la Francophonie. La collection des voûtes d’archives est mise de l’avant et une exposition permanente accompagne les visiteurs. Le public accède enfin à la terrasse et la nouvelle salle du Pin-Blanc offrant toutes deux une vue imprenable sur la cime du mont Royal. L’agrandissement, délicatement déposé sur la terrasse, consiste en une composition soignée de volumes encadrés dans une structure de laiton qui crée un jeu rythmique de perspectives.

 

L’hôtel de ville a rouvert ses portes dans un cadre rénové et modernisé, offrant un accueil plus chaleureux et accessible. Enrichi d’une exposition permanente et d’œuvres d’art, il dévoile également des espaces autrefois fermés.

Crédit image: V2com, Raphaël Thibodeau

L’hôtel de ville dévoile également des espaces autrefois fermés.

Les accès publics se font désormais par la place Vauquelin et la rue Gosford. Ces entrées réaménagées rendent l’hôtel de ville plus accueillant, plus perméable. L’accueil des visiteurs se fait dans un espace central ouvert et agrandi. Les comptoirs de marbre monumentaux qui limitaient autrefois l’espace public sont démontés et minutieusement réassemblés dans de nouveaux espaces d’échanges entre les citoyens et leurs élus. Un café public et un espace famille y sont attenants. On retrouve également une salle de consultation des archives, un bureau de rédaction à l’attention des journalistes et une salle de presse.

Les escaliers monumentaux de part et d’autre de l’accueil invitent à découvrir le parcours qui se poursuit aux étages vers le hall d’honneur, la salle du Conseil et une nouvelle terrasse en toiture. L’entrée monumentale de la rue Notre-Dame est restaurée et son rôle d’entrée protocolaire est clarifié. Le premier étage se distingue par la richesse de ses matériaux et sa restauration minutieuse, mêlant marbre, vitraux et boiseries élégantes. Les espaces sont repensés avec des éléments contemporains raffinés et une intégration technologique discrète.

Un geste contemporain sur la terrasse
Sur la terrasse, un ajout contemporain vient remplacer avec distinction un abri temporaire qui accueillait les dignitaires internationaux. Composé d’une élégante colonnade, d’une structure mise en évidence au niveau des plafonds et d’un agencement de volumes de granit et de chêne blanc, il accueille maintenant le public et les visiteurs dans un espace lumineux.

Le revêtement métallique de cuivre et de laiton est assemblé selon des techniques traditionnelles de ferblanterie. La finesse des joints et des pliages est exprimée. Les surfaces et les matériaux se poursuivent au-delà des murs de verre, sur la terrasse, pour confondre les notions d’intérieur — extérieur. Cette démarche d’agencement des matérialités a pour but de marier délicatement cette nouvelle structure au bâtiment existant et au paysage urbain dans le plus grand des respects.

Redonner vie aux étages supérieurs
Au deuxième étage, des cloisons de bureaux en bois avec vitrage ont été découvertes lors des travaux de dégarnissage. Les éléments manquants sont reproduits à l’aide de couteaux taillés sur mesure. Des verres clairs sont insérés et l’ensemble, incluant le lambris en panneaux à caisson, est restauré.

 

Sur la terrasse, une structure contemporaine remplace l’ancien abri, mêlant colonnades élégantes, granite et chêne blanc, offrant aux visiteurs un espace lumineux où l’architecture dialogue harmonieusement avec l’histoire et le paysage urbain.

Crédit image: Raphaël Thibodeau

Sur la terrasse, une structure contemporaine remplace l’ancien abri, mêlant colonnades élégantes, granite et chêne blanc.

Le troisième et le quatrième étage sont dédiés aux espaces de bureaux et à la direction générale. Leur refonte complète assure un environnement de travail fonctionnel et harmonieux, en phase avec l’identité renouvelée du bâtiment en tant que monument historique et institution civique vivante.

L’intégration de la biophilie, notion de bien-être lié à l’exposition aux éléments vivants, aux plantes et aux matériaux naturels, contribue également à la qualité de vie. Un système radiant diffuse lentement la chaleur depuis les plafonds. Le traitement acoustique des surfaces est modélisé pour s’assurer du confort auditif et quelques salles entièrement feutrées sont ajoutées à chaque étage. De très grands puits de lumière sont mis à profit dans les aires de travail et dans la salle de conférence du quatrième étage pouvant accueillir jusqu’à 70 personnes.

Un design élégant et fluide
Les circulations centrales sont délimitées grâce à un revêtement mural en chêne blanc sur quartier. Les coupons sont soigneusement sélectionnés chez un manufacturier québécois par les concepteurs et sont assemblés à tout venant. Le rythme créé est ponctué du vitrage des salles de réunion dans lequel s’insèrent des lambourdes de bois pour offrir une plus grande intimité.

Les coins en chêne massif, aux profils arrondis, enveloppent ces volumes avec douceur et facilitent la fluidité de la circulation. Ces noyaux de bois, au centre des étages à bureau, redonnent un sentiment de noblesse aux lieux en plus de créer un repère visuel et spatial autour desquels toutes les fonctions s’organisent. Les salles de réunion et de vidéoconférence y sont regroupées en alternance avec les coins café, les cafétérias et les espaces de service. Les volumes de bois s’ouvrent pour offrir des percées visuelles et laisser entrer la lumière jusqu’au centre de l’édifice, renforçant les sentiments d’ouverture et de cohésion.

Une certification de prestige
Le projet revoit l’ensemble des systèmes en profondeur. Un processus de certification LEED v4.1 O+M, niveau or pour bâtiments existants, est en cours. Cette certification mesure les efforts déployés à long terme par les utilisateurs et les opérateurs de l’édifice pour atteindre les objectifs de transition écologique. Elle témoigne de l’importance accordée à la qualité de vie et la santé des occupants en créant des milieux de travail alignés sur les principes de la norme WELL.

Ce projet de restauration préserve un édifice centenaire en consolidant sa structure et en limitant l’usage de nouveaux matériaux. Grâce à des solutions innovantes, il réduit de 79 % la consommation énergétique et fonctionne presque sans émission de carbone, tout en encourageant la mobilité durable.

Les fenêtres, un triomphe de restauration
A titre d’exemple des nombreuses réussites du projet, citons la restauration des 169 fenêtres à double guillotine en chêne blanc datant de 1925. Ces fenêtres, essentielles à l’identité architecturale de l’édifice, ont été méticuleusement démontées, réparées et rénovées

Artisanat préservé
En plus de la restauration des fenêtres, les architectes spécialistes des murs anciens précisent les interventions requises pour gérer les problèmes d’infiltration et d’inconfort liés à l’étanchéité de l’enveloppe et à la compartimentation des vides de construction

Ce projet va bien au-delà de la simple réhabilitation. Il découle d’une initiative visionnaire qui fait dialoguer l’ancien et le moderne tout en répondant aux exigences écologiques et démocratiques du XXIe siècle. Grâce à sa rénovation énergétique exemplaire, son agrandissement respectueux et son approche collaborative, l’hôtel de ville de Montréal devient un modèle de durabilité, un symbole de résilience et un lieu de démocratie participative renouvelé.

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