Trois siècles après avoir construit sur du sable, l’île Feydeau de Nantes est toujours debout
Joyau architectural du XVIIIᵉ siècle, l’île Feydeau, à Nantes, a construit ses immeubles sur des bancs de sable. Mais les techniques utilisées à l’époque révèlent aujourd’hui leur pertinence tout en évoquant un passé entre ombre et lumière.
Crédit image: Alexandra von Ascheraden
Les immeubles de ce quartier nantais sont construits sur du sable. Ce qui explique qu’ils penchent…
Qualifiée de merveille architecturale du XVIIIᵉ siècle, l’île Feydeau, à Nantes, en France, n’est en plus une depuis 1946. Mais ses immeubles, qui logeaient les riches armateurs se livrant à la traite des esclaves, cachent une curiosité : ils sont en effet construits sur des bancs de sable.
A l’origine, la construction de ce quartier d’habitation a dû faire face à des sols mouvants et instables. Les fréquentes inondations rendaient le site inconstructible, mais ses bâtisseurs n’ont jamais renoncé. Ils ont eu recours à une technique de construction importée des Pays-Bas pour élever les bâtiments en tuffeau. Pour consolider les fondations, ils ont aménagé une sorte de treillis en chêne, en lieu et place des pilotis traditionnels trop fragiles. Résultat : les immeubles penchent toujours un peu aujourd’hui, à l’instar de nombreuses maisons hollandaises.
Façades en valeur
L’île Feydeau se laisse découvrir la tête en l’air. Les bâtiments sont ornés de
mascarons et de balcons en fer forgé. Ils sont souvent construits autour de
cours intérieures qui témoignent le passé économique prestigieux du premier
port d’Europe au XVIIIᵉ siècle. Avec sa tache d’ombre, nullement occultée, de l’évocation
de la traite des êtres humains dans les colonies d’Amérique.
L’île Feydeau tient son nom de Paul Esprit Feydeau de Brou, intendant de Bretagne entre 1716 et 1728. Il s’agit du premier projet d’urbanisation d’envergure de son époque. Les travaux de comblement de la Loire durent vingt ans au XXᵉ siècle. Après la Seconde Guerre mondiale, le quartier se divise en deux îlots urbains distincts. Les façades de ses immeubles sont mises en valeur par l’aménagement d’espaces pour piétons et cyclistes, ainsi que par un parcours didactique.