L’EPFL ranime les origines brésiliennes de bâtiments suisses prestigieux
Les maisons de maître construites notamment à Neuchâtel ne doivent pas faire oublier l’origine des capitaux qui y ont été investis. Une thèse de l’EPFL porte ainsi un autre regard sur une architecture considérée comme prestigieuse, pilotée par des personnalités suisses ayant fait fortune dans la traite des esclaves au Brésil. Une exposition est prévue en septembre au Musée national suisse et à Neuchâtel.
Crédit image: EPFL, Delphine Bertschi
La villa construite par James-Ferdinand de Pury à Neuchâtel avec des capitaux acquis au Brésil abrite toujours le Musée d’ethnographie.
La Suisse n’a jamais créé de colonies outre-mer, mais ses liens avec la traite des esclaves peuvent aussi être établis par l’analyse de l’architecture de bâtiments construits par d’ancien consuls ayant fait fortune outre-mer. Une nouvelle thèse de l’EPFL révèle le passé colonial de quelques figures neuchâteloises de renom, comme Auguste-Frédéric de Meuron ou James-Ferdinand de Pury au travers de la construction du Musée d’ethnographie de Neuchâtel ou de la clinique psychiatrique de Préfargier. Les résultats de ces recherches seront exposés au Musée national suisse et au centre d’art de Neuchâtel au mois de septembre.
Certains défenseurs des droits humains ont déjà fustigé le crédit accordé à la générosité de David de Pury pour sa ville natale de Neuchâtel. La statue de ce négociant fortuné orne toujours sa place du centre-ville, même si elle vient d’être agrémentée d’une plaque mentionnant un passé trouble. Le débat que la chercheuse de l’EPFL ranime aujourd’hui vise à relire le paysage architectural de la Suisse au travers de l’histoire de plusieurs bâtiments de prestige.
Gains d’outre-mer
réinvestis en Suisse
La chercheuse, Delphine Bertschi, veut par son travail rappeler que la
construction et l’architecture en Suisse ne doivent pas occulter l’origine des
capitaux qui y ont été investis. Les affaires conclues notamment au Brésil par
des Suisses dans la direction de colonies employant des esclaves ne doivent en
effet pas être passées sous silence par la simple promotion d’une architecture de
prestige, affirme-t-elle dans sa thèse. La fortune qu’elles ont créée a en
effet été réinvestie dans la construction de ces biens immobiliers d’exception.
Delphine Bertschi s’est donc inspirée des archives et de leurs documents pour créer des œuvres d’art et de rappeler ainsi les liens entre la Suisse et différents territoires outre-mer. Il s’agit en particulier de renforcer les liens historiques entre notre pays et le Brésil, qui vont bien au-delà de la création de villes comme Nova Friburgo.