L’EPFL encourage la construction de logements plus cloisonnés
Pour lutter contre les augmentations des coûts énergétiques, ne faudrait-il pas arrêter de construire des logements toujours plus vastes? L’EPFL propose via une thèse d’inverser la tendance à la hausse de la surface habitable au profit d’une meilleure sensibilité écologique. De quoi bouleverser les habitudes…
Crédit image: Philippe Chopard
Certains nouveaux quartiers, comme celui de Belle-Terre à Thônex (GE), considèrent déjà que la qualité d’un logement ne passe pas forcément par l’aménagement de vastes surfaces ouvertes.
La lutte contre le réchauffement climatique secoue l’architecture et le bâtiment. A tel point que l’EPFL, via une thèse de doctorat, lance un vrai cri d’alarme. L’augmentation de la surface moyenne des logements fait aussi augmenter les coûts de l’énergie, notamment en proposant des espaces de vie de moins en moins adaptés au nombre de personnes qui les occupent. L’ingénieure civile Margarita Agriantoni prône un retour à l’aménagement de pièces de vie plus petites à l’horizon 2050.
Aujourd’hui, constate la thèse, un appartement de 100 m² est chauffé de la même manière s’il est occupé de deux ou quatre personnes. Soit un non-sens écologique. Et la demande en nouveaux logements ne cesse de croître du fait de l’augmentation de la population.
Multiples critères
d’analyse
L’étude de l’EPFL a porté sur un parc immobilier locatif de 11'000 logements
appartenant à deux coopératives et répartis partout en Suisse. Elle a aussi
mélangé des bâtiments issus des secteurs privé et coopératif pour affiner la pertinence
de son analyse. Elle a tenu compte des projets de rénovation, de la
surface habitable, du montant des loyers et des prix des terrains. Avec pour résultat un patchwork
établi au travers de nombreux ateliers menés avec les propriétaires, pour comprendre
leurs différentes stratégies d’investissement. Ces données ont été ensuite
complétées par un questionnaire rempli par les locataires.
Quatre
scénarios inopérants
La surface habitable doit selon l’étude augmenter de 11% d’ici 2050 si rien n’est
entrepris. La thèse propose quatre scénarios pour inverser la tendance. Les propriétaires
peuvent être invités à mieux occuper la surface disponible. Ou à densifier davantage
leur parc immobilier existant au profit de nouvelles constructions. Les ménages
peuvent aussi affiner leur sensibilité écologique en adaptant mieux leur
surface habitable au nombre de personnes qui y résident. Enfin, une combinaison
entre les deux premiers cas de figure est à étudier, selon la thèse.
Néanmoins, ces
différentes solutions ne font toujours pas réduire la surface moyenne de chaque
logement. Margarita Agriantoni prône un changement radical des habitudes en
matière de construction. « Quelques mètres carrés en moins suffisent à
avoir un réel impact écologique, » affirme-t-elle. Soit le retour à des
appartements formés de pièces plus petites.