Le temple le plus emblématique de la Syrienne Palmyre revit sous forme digitalisée
Les techniques de numérisation des Universités de Lausanne et de Genève ont grandement contribué à ressusciter le temple de Baalshâmin du site antique de Palmyre, en plein désert syrien. Le site détruit par l’Etat islamique revit sous la forme d’une exposition au Musée romain de Nyon (VD).
Crédit image: Philippe Chopard
Le temple de Baalshâmin tel qu’il se présentait avant la guerre civile syrienne.
La numérisation permet de sauvegarder un patrimoine détruit. Les Universités de Lausanne et de Genève ont donc apporté leur contribution à la préservation du site antique de Palmyre, en plein désert syrien. Notamment en reconstituant en 3D le temple de Baal détruit par la fureur aveugle du groupe Etat islamique en 2015. Le résultat du travail des chercheurs est à découvrir au Musée romain de Nyon (VD) jusqu’en octobre prochain.
Palmyre a pu rivaliser avec Rome au IIIᵉ siècle de notre ère, grâce à sa reine Zénobie. Il a fallu toute la puissance militaire romaine pour soumettre à nouveau cette région sans cesse harcelée par les Parthes, à l’est. Mais son essor date de quelques siècles auparavant, à l’époque de l’empire séleucide. Avant la guerre civile syrienne, c’était l’un des sites antiques les plus visités des touristes et les plus riches en constructions emblématiques. A témoin, ses fameuses tours funéraires, son théâtre antique, ses colonnades de plus de 2 km de longueur et son temple de Baalshâmin.
Toute cette richesse a failli être détruite lors de l’expansion des territoires mis sous le joug du terrorisme islamique. Bon nombre de vestiges ont pu être mis à l’abri avant l’occupation du site, mais ses monuments n’ont pas échappé aux explosifs. En 2017, les Universités lémaniques ont donc décidé de numériser les archives de l’archéologue Pierre Collart, grand spécialiste du site.
Un chef-d’œuvre
d’architecture antique
Les informations collectées sur place ont permis de reconstituer le temple de Baalshâmin
sous une forme digitale. Ses inscriptions ont disparu dans son dynamitage,
mais, heureusement, ont pu revivre dans le projet de numérisation grâce aux
archives. Le temple, formé d’un quadrilatère de 15m de long sur 10 de large, comprenait
trois cours à portiques, une salle de banquet et une partie réservée à ses
prêtres, appelée cella. Inauguré en 130 de notre ère, il était représentatif de
l’architecture religieuse pratiqué en Orient durant l’Antiquité. Entouré de
colonnades, son naos était divisé en trois chapelles sacrées, dans un décor en trompe-l’œil
de fausses portes et de fausses fenêtres.
Crédit image: Iconem, Université de Lausanne
La numérisation a permis de mieux se rendre compte de l’importance du monument au temps de sa splendeur.
Le fonds numérisé par les Universités de Lausanne et de Genève comprend aussi une centaine de diapositives en verre provenant d’archives privées provenant d’archéologues et de scientifiques ayant œuvré sur place. Le temple de Baalshâmin était de plus inscrit au Patrimoine mondial de l’Unesco.