Le Pritzker 2025 célèbre le style sans complexe de Liu Jiakun
Le jury du prestigieux prix international ne tarit pas d’éloges devant la carrière de Liu Jiakun, le bénéficiaire 2025. Ce Chinois cultive une organisation de l’espace urbain sans esthétisme ni style formaté, pour mieux faire ressortir l’organisation de la vie quotidienne au sein du bâti.

Crédit image: Chen Chen, Pritzker 2025
Le « West Village » de Liu Jiakun raconte à Chengdu une interaction constante entre la densité urbaine et les espaces publics laissés libres.
Chaque année, le prestigieux Prix Pritzker célèbre les dernières tendances d’une architecture décomplexée et soucieuse d’exprimer les rapports entre le bâti et les êtres humains. Liu Jiakun, de Chengdu, en Chine, reçoit aujourd’hui la consécration d’un travail axé sur la réflexion poétique et l’expression d’une communauté. Les honneurs internationaux les plus prestigieux honorent son œuvre et sa carrière exceptionnelles, faite de construction de mondes particuliers et chaleureux.
Le lauréat 2025 se démarque de toute contrainte esthétique et stylistique dans son travail, explique le jury du prix. Il développe une stratégie architecturale sans méthode récurrente. Avec le « West Village » de Chengdu, il base son approche de l’espace public dans les villes sur la réalité présente de ses habitants, pour développer d’autres scénarios de vie quotidienne.

Crédit image: Arch Exist, Pritzker 2025
L’espace urbain aménagé par le lauréat dans sa ville natale est riche de lieux de culture.
La création d’espaces libres dans des cités surpeuplées forge ainsi chez l’architecte chinois une relation positive entre la densité du bâti et ses ouvertures. Il a séduit le jury du Pritzker par un projet de cinq étages qui s’étend sur tout un pâté de maisons, contrastant visuellement avec la matrice de bâtiments de moyenne ou grande hauteur. Il a ainsi créé une ville dans la ville, avec un espace rempli de sentiers en pente pour les cyclistes et les piétons, des activités culturelles, des bureaux et d’aménagements paysagers. Son œuvre est donc à la fois un bâtiment, une infrastructure, un paysage et un espace public.

Crédit image: Arch Exist
Le pavillon Novartis de Shanghai, créé en 2014,décline l’architecture chinoise traditionnelle avec une touche contemporaine.
Liu Jiakun n’oublie pas pour autant son pays et son riche passé. Il témoigne un respect constant pour la culture, l’histoire et la nature, tout en interprétant le classicisme chinois à la sauce contemporaine. Ses œuvres en sont imprégnées. A témoin, les avant-toits plats d’un musée du Suzhou, des pavillons traditionnels de Chengdu, le bâtiment Novartis de Shanghai ou la rénovation d’un quartier de la ville d’Erlang, qui évoque la flore locale jusque dans les briques qu’il utilise.
L’architecte lauréat est né à Chengdu en 1956. Il a connu les affres de la déportation à la campagne durant la Révolution culturelle, avant de fonder son propre bureau en 1999. Ses projets ont été présentés dans de nombreuses expositions internationales, comme lors de la Biennale d’architecture de Venise.