La ville d’Yverdon-les-Bains relève le défi
La ville d’Yverdon-les-Bains relève un défi technique inédit ce printemps, en première européenne: la pose d’une nouvelle conduite sous-lacustre en acier soudé entre le port de Grandson et l’embouchure du Bey, sur 1,7 km, et ce dans l’intervalle de quelques semaines!
Ce projet phare, mené par le Service des énergies de la Cité thermale (SEY), doit permettre aux quelques 30'000 personnes reliées au réseau d’eau potable de la région de disposer d’un approvisionnement plus sûr grâce à des infrastructures modernes. Budgétés à plus de trois millions de francs, les travaux en cours permettront un raccordement au réseau existant dès l’été 2012.
«Le réseau actuel comporte un réel point faible : sur plus d’un kilomètre et demi, le seul vecteur d’eau pompée est une conduite en acier construite peu après 1940, située sur l’axe Grandson – Yverdon-les-Bains» a relevé Anne Grandin, cheffe de section des Réseaux Eau et Gaz du Service des énergies de la Cité thermale, à l’occasion d’une présentation démonstration sur le lac ce mercredi aux élus de la région et partenaires professionnels du projet. Les élus locaux avaient bien compris ce risque et appuyé, il y a trois ans, le crédit nécessaire pour mener à bien cet important chantier. Ils ont pu assister aujourd’hui à quelques-unes des prouesses techniques de génie civil nécessaires à la pose de ces tuyaux.
Réseau optimisé
La pose de cette conduite s’inscrit dans une vision régionale commune, visant l’amélioration et la sécurisation de l’approvisionnement en eau potable d’un bassin de plusieurs dizaines de milliers d’habitants. « La ville d’Yverdon-les-Bains est en quelque sorte la plaque tournante de la distribution d’eau régionale et de nombreux projets de liaisons sont actuellement à l’étude. Cette nouvelle conduite représente à ce titre une étape-clé dans l’optimisation de notre réseau » a souligné Gloria Capt, Municipale des énergies d’Yverdon-les-Bains. Ce nouvel axe de transport s’intègre en effet dans une vision coordonnée des réseaux SEY et ACRG (Association des communes de la région de Grandson), que la Société Anonyme de Gestion des Eaux du Nord Vaudois (SAGENORD) s’emploie à optimiser.
Hors des sentiers battus
« Un tel projet représente un défi technique conséquent et inhabituel. La méthode de pose choisie, par tronçons, est la mieux adaptée aux conditions lacustres», a relevé Mario Gerodetti, Directeur GEOS Ingénieurs Conseils SA, société responsable de la direction et de la coordination des travaux. Des barges permettent d’acheminer les tronçons de la conduite sur le lac et de les souder à leur futur emplacement. La conduite en acier, d’un diamètre d’environ 50 cm, présente un haut potentiel en termes de sécurité, notamment contre les risques de chocs ou de corrosion: revêtement intérieur en mortier de ciment, revêtement extérieur tri-couches en PE (isolation anti-corrosion et électrique) ou encore protection cathodique sur l’ensemble du tracé. Une fois en service, la conduite assurera un débit de 16'000 litres /minute, supérieur à la consommation quotidienne yverdonnoise.
Contraintes environnementales respectées
L’intégralité du tracé de la nouvelle conduite se situe en zone OROEM (Ordonnance sur les réserves d'oiseaux d'eau et de migrateurs) d’importance nationale pour l’hivernage et la migration des oiseaux d’eau. De ce fait, le planning du chantier a été adapté en fonction des contraintes environnementales liées à cet emplacement. Afin de réduire au maximum les nuisances sur les oiseaux hivernants, notamment au niveau de la réserve intégrale située à l’embouchure du Bey, la pose de la nouvelle conduite sous-lacustre bénéficie d’une fenêtre de quelques semaines à peine. «Selon l’étude menée par le bureau ECOSAN SA, l’impact final du projet sur le paysage et le milieu lacustre s’avère nul, la conduite étant enfouie sur l’ensemble du tronçon» précise Anne Grandin. (ba)