La vigueur du franc suisse, un handicap pour l’industrie
Le sécteur de la construction métallique fournit des produits de très grande qualité, elle peut se prévaloir d’un riche éventail de produits et d’une grande flexibilité, mais la vigueur du franc est pour elle un handicap.
Pour des considérations de prix, trois commandes d’un grand volume ont été attribuées à des concurrents étrangers, ce qui aura été à l’origine d’un manque à gagner d’au minimum 100’000 heures de production. L’industrie exige maintenant que la Confédération fasse quelque chose.
L’industrie suisse s’est rapidement remise de la crise financière. Dans de nombreux secteurs, le nombre des passations de commandes a de nouveau atteint le niveau de 2007 dès l’année dernière. Mais la hausse rapide du cours du franc suisse a simultanément engendré une contraction des marges. Environ 28 pourcent des firmes membres de Swissmem – en particulier des petites et moyennes entreprises – sont retombées en 2010 dans la zone de pertes opérationnelles.
Beaucoup de firmes sont concernées
A en croire un sondage sur la vigueur du franc suisse commandé par Swissmem, 87 pourcent de ses firmes membres ont déclaré être moyennement ou fortement handicapées par la dévaluation de l’euro. D’autres fédérations de l’industrie font elles aussi état d’une situation similaire. On avance en premier lieu deux motifs principaux pour cet état de choses:
En raison de la faiblesse de l’euro, de plus en plus de concurrents étrangers prennent leurs aises sur le marché domestique suisse. Cela a pour conséquences une pression énorme au niveau des prix et des pertes de commandes supplémentaires pour l’industrie domestique.
Les importateurs ne répercutent pas sur leurs clients les gains imputables au taux de change afin de continuer de profiter de prix élevés. C’est pourquoi les entreprises suisses se voient de plus en plus contraintes de se procurer des composants et sous-systèmes auprès de fournisseurs de la zone euro.
Les perspectives ne sont guère réjouissantes
On constate la même tendance dans le secteur de la sidérurgie suisse, comme le confirme Markus Amsler, le président du Centre suisse de la construction métallique (SZS). Des entreprises de construction métallique domestiques affichent pour cette raison des taux d’exploitation insuffisants et, selon des estimations de la branche, ont pu, en 2010 ainsi qu’au premier trimestre de l’année en cours, accomplir au minimum 100’000 heures de production de moins parce que, exclusivement pour des considérations de prix, trois grosses commandes ont été attribuées à des entreprises étrangères. Dans certaines entreprises, cela s’est traduit par l’introduction du chômage technique ou de la semaine de 35 heures.
On ne cesse de recommander aux entreprises de se prémunir contre les fluctuations des taux de change. Mais cela n’est pas d’un grand secours dans la construction métallique: la vigueur du franc a pour conséquence que les entreprises suisses de la construction métallique n’obtiennent plus d'ordres dans l'UE, car leurs offres sont supérieures d'environ 30 pourcent à celles de leurs concurrents des pays de l’UE. Sans mesures de compensation de la vigueur du franc, le secteur de la construction métallique s’attend donc à des perspectives peu réjouissantes. (com)