13:30 ARCHITECTURE

La LED envahit nos villes pour redessiner la nuit

Directive de l’Union européenne oblige, les villes suisses sont obligées de se débarrasser des lampes à vapeur mercure trop gourmandes et inefficaces. Résultat, les communes investissent dans les LEDs qui ont connu un développement exponentiel depuis deux ans. Mais pour être vraiment efficace, encore faut-il imaginer toute la gestion de ce parc lumineux.

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Plus belles la nuit. Plus belles, nos villes vont l’être sans aucun doute ces prochaines années. En effet, d’ici 2017 les communes et cantons sont obligés d’adopter la directive Ecoconception de l’Union européenne en matière d’éclairage public. En d’autres termes, les autorités suisses prévoient la stricte interdiction de la vente des composants inefficaces de l’éclairage public. Cela représente principalement le retrait du marché d’ici 2015 des lampes à vapeur mercure. Mais pas uniquement. Les ballasts ferromagnétiques dont les rendements sont inférieurs à 85% ne pourront plus être mis en vente.
On s’en doute l’application de ces nouvelles normes sonne le branle bas de combat parmi les divers services industriels. Pour s’adapter aux nouvelles prescriptions, les communes repensent tout leur éclairage public et passent notamment à la LED (Light Emitting Diode ou diode électroluminescente). Un phénomène dont l’ampleur est indéniable. En Suisse, la société Schréder, bien connue pour ses systèmes d’éclairage, en atteste. En 2012, la LED représentait 25% de ses ventes. En 2013: 50%. Et en 2014, cela représentera près de 80%. En Allemagne, la tendance est encore plus marquée, alors que les Français sont plus timides.

Repenser tout le système d’éclairage
«La LED bénéficie de qualités indéniables et bien connues, confirme Marc Emery, directeur général de Schréder. Sa consommation électrique est faible et elle a une longue durée de vie. De plus, son prix bien que plus élevé que les lampes traditionnelles baisse régulièrement au fur et à mesure que les capacités de production augmentent. Mais pour qu’un système d’éclairage public soit réellement efficace, il ne suffit pas de changer les lampes. C’est tout le système qu’il faut repenser et moderniser en s’appuyant sur les options de l’éclairage intelligent.Réduire à bon escient et au bon moment l’intensité lumineuse est la clé d’une illumination nocturne conciliant écologie et sécurité.»
Trois options principales d’éclairage intelligent sont proposées. L’éclairage dit autonome consiste en des luminaires équipés de drivers à abaissement autonomes. Il se règle tout seul en trois nuits et réduit sa puissance en fonction de que ce que l’on a décidé. L’éclairage avec réseau autonome intelligent est pour sa part un système plus performant. En effet, les luminaires équipés de modules électroniques et de détecteurs communiquent entre eux. C’est le cas notamment à Meilingen (BE) où une piste cyclable à travers champs a été équipée de la sorte. Dès la mise sous tension de l’éclairage, celui-ci reste éteint jusqu’à la détection d’un piéton ou d’un cycliste par les capteurs radar placés aux entrées de la piste cyclable. Cette présence détectée active l’éclairage. Des détecteurs infrarouges placés sur les luminaires le long de la piste vont allumer les LEDs au fur et à mesure du passage de l’usager. Puis les éteindre…
Reste encore le nec le plus ultra de la technologie: l’éclairage avec système intelligent et interopérable. Là, toutes les informations de chaque luminaire sont centralisées et communiquent avec un serveur central. On règle tous les paramètres en temps réel depuis l’ordinateur. Et s’il y a une panne, il y a même une alarme… Le quartier Plata à Sion et ses 60 luminaires est équipé de ce système.

Pour aider les communes à franchir le pas et répondre aux nouvelles exigences, le Groupe E a lancé pour les communes de sa zone de desserte (Fribourg, enclaves vaudoises, Neuchâtel hors grandes villes) un programme spécial. En charge de ce programme, José Mettraux, responsable des produits tiers, est enthousiaste: «Depuis 2011, nous aidons les communes qui nous le demandent à améliorer leur éclairage public. Concrètement, nous réalisons un audit et élaborons des propositions concrètes et chiffrées avec les sources d’économies possibles. Une fois que les municipalités se sont décidées, nous participons financièrement à hauteur d’un tiers. Groupe E a investi 9 millions de francs dans ce programme. Et 60% des communes que nous approvisionnons ont déjà fait appel à ce service.»

Economies de 37 à 43%
Grâce aux conseils de Groupe E, la commune broyarde d’Avenches est parvenue à réduire sa consommation de 37%. Elle a notamment changé tous ses luminaires (489 points lumineux) et inséré des ampoules CosmoWhite à la couleur blanc neutre. Elle a également diminué la puissance sur la route cantonale, passant de 70 watts à 45 watts sur 89 points lumineux. Elle a en outre réduit la puissance de 244 points lumineux durant la nuit dans des espaces précis. A la clé, ce ne sont pas moins de 123’000 kWh économisés chaque année.
Certaines communes n’ont pas forcément les moyens d’investir et préfèrent des solutions très simples. C’est le cas de Villorsonnens qui regroupe Villargiroud, Villarsiviriaux, Orsonnens et Chavannes-sous-Orsonnens dans le district de la Glâne (Fribourg). Là, on procède ni plus ni moins qu’à l’extinction des feux de 1 h.00 à 5 h.00.
152 luminaires sur 168 sont éteints. Seuls restent allumés les luminaires situés en zone de passages piétons et de carrefours pour la circulation. Les 40 derniers luminaires mercure ont été remplacés par ceux au sodium, et un ajustement de la puissance selon les lieux renforce les économies d’énergie. Jusqu’en 2010, la commune consommait 80’000 kWh. Aujourd’hui, sa consommation se réduit à 45’000 kWh/an. Une économie de 43%!
La solution drastique de la coupure de courant n’est pourtant que très rarement plébiscitée. L’argument du sentiment d’insécurité est souvent mis en avant pour s’opposer à cet éclairage zéro. «Ce sont des décisions qui reviennent aux autorités politiques, explique José Mettraux. Mais avec les possibilités existantes aujourd’hui à coûts réduits d’éclairage intelligent qui s’abaissent et se régulent à volonté, l’extinction complète ne fait plus vraiment sens.»

Tout est questions de coût
La LED et les systèmes qui l’accompagnent ont donc le vent en poupe. Politiquement, elles sont plébiscitées. Mais Marc Emery tempère quelque peu cet enthousiasme aveuglant: «Le passage à la LED n’est pas forcément synonyme d’économies. On peut tout éclairer avec de la LED, même un terrain de foot si vous voulez, mais cela a un coût. Pour les tunnels, décorations de Noël, les zones industrielles ou les quartiers villas, la LED est sans problème la solution la plus adaptée. Pour les routes cantonales, c’est plus compliqué.» Et de préciser: «Les grands axes routiers nécessitent une forte luminosité. Dans ces cas, les lampes à décharge luminescente haute pression (HID), telles que les Cosmopolis de Philips présentent des résultats très performants pour des puissances équivalentes à150-250 Watts sodium. Genève et Lausanne y ont recours dans beaucoup de rues. Certes on ne peut pas les réguler comme du LED, mais on peut abaisser la puissance par exemple de 25%. De manière générale, plus il faut de puissance, plus les LEDs sont à la peine.»
Et puis, poursuit Marc Emery, «un système d’éclairage efficace c’est plus subtil que juste le passage au tout LED. Il faut savoir que la LED ne supporte pas trop la chaleur. L’évacuation thermique est extrêmement importante, car le temps de vie est raccourci s’il y a un mauvais échappement… D’où l’investissement conseillé de luminaires plats avec LEDs collés à la carrosserie pour une excellente évacuation de la chaleur. Dans ces conditions, les luminaires sont garantis 10 ans, 100'000 heures. Si on prend un luminaire plus traditionnel style Montmarte, là on tombe à 5 ans de garantie, 70 à 80’000 heures.»
Il n’en reste pas moins qu’avec l’adoption des nouvelles prescriptions, la consommation électrique va être rationnalisée. En Suisse, les lampadaires nocturnes représentent 1,5% de la consommation globale et génèrent des coûts annuels proches de 160 millions de francs par an. Cette somme pourrait être réduite de moitié en choisissant les nouvelles technologies et des systèmes de pilotage adaptés. Les nuits ne seront pas seulement plus belles… elles seront aussi plus économiques et écologiques. (JAL)

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