Imbroglio et combat perdu d’avance pour les défenseurs de la Gradeline à Cologny
La Gradeline, située à Cologny, est un chalet urbain jugé de haute importance historique par des défenseurs du patrimoine genevois. Alors qu’ils s’apprêtaient à recourir contre sa démolition au Tribunal fédéral, ils ont été pris de court par le maître d’ouvrage qui a lancé la démolition.
Crédit image: Centre d’iconographie genevoise
La Gradeline à Cologny, témoin d'un passé hétéroclite, n'a pas résisté à l'appétit des promoteurs. Sacrifiée au nom de la densification.
Ce
n’est pas la plus belle ou exceptionnelle maison du canton de Genève. Elle n’est
l’œuvre ni du Corbusier ni de Botta. Néanmoins, la Gradeline qui se trouve
au chemin de la Gradelle à Cologny est
au centre d’un combat entre défenseurs du patrimoine genevois et promoteurs
immobiliers.
La
villa réalisée dans les années 1860 par Jean-Frédéric Grau, propriétaire d’une
entreprise de charpentes, a connu de nombreuses vicissitudes qui l’ont vu se
transformer en chalet urbain avec de nombreuses influences Art Déco. En 2016,
un rapport du Service des monuments et des sites l’estimait digne de protection
et la Gradeline avait même été ouverte au public dans le cadre des Journées du
patrimoine.
Coup de théâtre
Mais
au nom de la densification et du profit, un projet de remplacement par un petit
immeuble avec des appartements de luxe a été lancé. Hauts cris des défenseurs
du passé et recours jusqu’au Tribunal cantonal n’ont que retardé l’inéluctable.
Mais, coup de théâtre, alors que l’association SOS patrimoine CEG (Contre
l’enlaidissement de Genève), s’activait à préparer un recours au Tribunal
fédéral, les ouvriers ont commencé la démolition de l’antique édifice cette
semaine.
Recours non suspensif
Le délai de recours n’a-t-il pas été respecté ? Que nenni affirme Pierre Alain Girard, directeur général de l’Office du patrimoine et des sites à La Tribune de Genève: «Les propriétaires de la parcelle sont dans leur droit. Il n’y avait aucun effet suspensif concernant ce chantier.» A noter que selon la Cour de justice cantonale qui l’a déboutée il y a un mois, SOS patrimoine CEG n’avait pas qualité pour agir. Maigre consolation pour cette dernière, une cinquantaine de pièces de mobilier et de ferronnerie seront préservées et conservées au Musée d’art et d’histoire.