La convention collective de la construction en question
Genève, Zürich et le Tessin perturbés par des ouvriers en colère car la grève se poursuit au sujet de la convention collective de la construction.
A Genève, 1800 maçons ont bloqué mardi le pont du Mont-Blanc dès 07h30 pendant trois heures. Cette action s'inscrivait dans le cadre de la négociation sur la convention nationale (CN) du secteur de la construction, qui expire en fin d'année. En fin de journée, n’ayant pas obtenu de réponse satisfaisante, les syndicats ont invité les travailleurs à poursuivre le mouvement de grève ce mercredi.
Vague de protestation nationale
La manifestation a démarré lundi au Tessin, où environ 3000 maçons se sont réunis à Bellinzone pour exiger le maintien de la retraite à 60 ans. A Genève, les syndicats Unia, SIT et Syna ont appelé les travailleurs du gros œuvre à participer dès mardi à une grève reconductible de quatre jours. Le cortège est parti à 07h15, à proximité de la gare de Cornavin. "Halte au dumping salarial. Nous luttons pour une bonne CN" et "Oui, mais pas à n'importe quel prix", pouvait-on lire sur les banderoles en tête de cortège. La plupart des manifestants portaient des T-shirts noirs avec l'inscription "16 octobre" et, dans le dos, "Tous au pont" ainsi que des casquettes blanches imprimées du mot "Grève".
"Menaces des patrons"
Les prises de parole se sont succédées dès 08h30. "Les entrepreneurs à Zurich attaquent votre retraite anticipée et vos conditions de travail", clamait micro Alessandro Pelizzari. Mais, selon le secrétaire régional d'Unia à Genève, la situation se dégrade aussi de manière surprenante au bout du lac, où les patrons refusent de se mettre autour de la table pour discuter. "Aujourd'hui, les patrons genevois menacent de licencier ceux qui participent à la grève", a poursuivi Thierry Horner, du Syndicat interprofessionnel des travailleurs (SIT). Et d'appeler les ouvriers à lutter pour leurs droits et dire stop aux licenciements des travailleurs âgés et au travail temporaire.
Les patrons exigent 300 heures de travail flexibles contre 100
Nico Lutz, responsable du secteur de la construction au secrétariat central d'Unia, a rappelé que la manifestation de juin à Zurich, qui avait réuni 18'000 personnes, avait permis de trouver une solution après neuf mois de blocage sur la CN. Mais, en échange du maintien de l'âge de la retraite à 60 ans et une hausse salariale, le patronat exige 300 heures de travail flexibles, contre 100 aujourd'hui.
"Cette flexibilisation constitue une attaque à la santé des travailleurs et une dégradation totale de la CN!" a dénoncé M. Lutz. Les syndicats estiment aussi que la CN offre une protection insuffisante en cas d'intempéries. Or les patrons veulent la supprimer, tout comme ils souhaitent pouvoir licencier, sans entraves, les travailleurs expérimentés de plus de 50 ans pour les réengager moins cher.
La mobilisation du secteur se poursuivra dans toute la Suisse jusqu'au 9 novembre, date du prochain round de négociations. "Il faut donner un signal clair aux entrepreneurs dans tout le pays", a lancé Guido Schluep, responsable de la construction à Syna.