EPFL : rencontres autour du pisé
Disponible et durable, la terre comme matériau de construction possède une tradition sous nos latitudes et revient dans l’architecture contemporaine grâce à des concepteurs audacieux. Cette exposition veut rappeler l’histoire du matériau terre, notamment la construction en pisé en Europe et son influence sur la Suisse.
Du 20 mars au 27 mai dans le bâtiment G de l’EPFL, des conférences données par des experts venus d’Allemagne, de France, d’Autriche et aussi de Suisse, auront lieu. L’exposition permet d’en savoir plus sur le matériau terre pour le rendre accessible et perceptible à la fois par ses propriétés et par sa présence physique. Elle montre ses composants et son traitement, suit l’avancement des constructions en pisé actuelles et ose un regard sur l’avenir. Elle se penche tout particulièrement sur la possibilité d’une préfabrication industrielle qui permettrait d’ouvrir de nouvelles perspectives d’un point de vue constructif et architectural.
La Maison des Herbes Ricola de Herzog & de Meuron
Avec le centre de Ricola, construit en 2014 et signé Herzog & de Meuron, le pionnier du pisé Martin Rauch a démontré le potentiel que recèle la préfabrication pour l’adaptation à de nouvelles dimensions et proportions. Une masse d’argile grumeleuse et humide, étendue couche après couche dans un coffrage puis pressée et séchée. C’est en s’appuyant sur cette technique ancestrale que le bureau d’architectes Herzog & de Meuron a réalisé la Maison des plantes du confiseur Ricola. L’énigmatique bloc percé de fenêtres circulaires se dresse dans les champs aux abords de Laufon, dans le canton de Bâle-Campagne. Il est «constitué de la terre sur laquelle il se trouve» et «fait écho à son environnement», souligne Pierre de Meuron. Les matériaux employés pour la façade proviennent d’un rayon de huit à dix kilomètres autour du site. Mais la halle achevée en 2014, destinée à la transformation des herbes à la base des bonbons Ricola, impressionne également par ses dimensions: plus de 100mètres de long sur 30 mètres de large et 11 mètres de haut. Cette taille imposante en fait le plus grand édifice en pisé d’Europe.
D’autres projets de cette échelle vont suivre, comme l’Océanium à Bâle. L’EPFL a étudié la faisabilité des constructions hybrides en terre et optimisé leurs avantages constructifs et énergétiques. Au cœur du projet de l’atelier Boltshauser se trouvaient des questions stimulantes concernant la structure ainsi qu’un besoin de défricher de nouveaux chemins pour une expression architecturale en terre.
Esthétique et écologique
Si le regain d’intérêt des architectes pour la terre crue découle surtout de réflexions d’ordre écologique, ce renouveau s’explique aussi par les qualités esthétiques que présente le matériau. Pierre Frey, professeur honoraire du Département d’architecture de l’EPFL et auteur de l’ouvrage «Learning from vernacular: pour une nouvelle architecture vernaculaire», souligne la grande douceur de la Maison des plantes de Herzog & de Meuron. «Elle attire l’attention et suscite une émotion.Certains matériaux tiennent à distance. D’autres, comme le bois ou la terre, donnent envie de les toucher. Par ailleurs, nous assistons à une prise de conscience du caractère limité de certaines ressources», ajoute Pierre Frey. Les matériaux naturels tels que le bois, la paille, le lin, le chanvre ou encore la cellulose sont de plus en plus utilisés dans la structure des bâtiments, mais aussi comme isolants ou comme revêtement.
A Genève, l’architecte Laurent de Wurstemberger et l’ingénieur Rodrigo Fernandez placent le respect de l’environnement au centre de leur démarche. Leur start-up, Terrabloc, fondée en 2011, recycle les gravats des chantiers pour produire des briques de terre crue. «Rien qu’à Genève, plus d’un million de mètres cubes de déblais terreux sont excavés et mis en décharge chaque année, souligne Rodrigo Fernandez. Sauf s’ils contiennent suffisamment de gravier pour fabriquer du béton, ils ne connaissent à l’heure actuelle aucune revalorisation.»
Exposition du 20 mars au 27 mai 2017
Horaires : Lu – Ve 9h30 – 17h30
Sa 14h00 – 18h00
CONFÉRENCES
20 mars 2017 - 18:00
Vernissage
Roger Boltshauser
professeur invité EPFL,
architecte, Zürich
28 mars 2017 - 18:00
Dominique Gauzin-Müller
architecte, écrivaine, Stuttgart
3 avril 2017 - 18:00
Martin Rauch
entrepreneur spécialiste du pisé, Schlins, Autriche
4 avril 2017 - 18:00
Guillaume Habert
suivi d'un débat avec Roger Boltshauser, Corentin Fivet, Pierre Frey et terrabloc
Organisé avec l’association des étudiants d’architecture de l’EPFL
9 mai 2017 - 18:00
Laetitia Fontaine
ingénieur matériaux
Laboratoire CRAterre - AE&CC - ENSA Grenoble
directrice du centre de recherche et d'expérimentation amàco (atelier matières à construire)
Evénement collatéral:
31 mars & 1er avril
L’art de bâtir la terre
Ateliers et conférences au Pavillon Sicli à Genève. www.artdebatir.ch
Organisé par l’Office du patrimoine et des sites du Canton de Genève