Du biopétrole avec des algues, c’est dans l’art possible !
Du pétrole avec des algues. C’est ce que fait Bio Fuel Systems (BFS), une société espagnole, après avoir mis au point un procédé qui conjugue la photosynthèse avec les effets de l’absorption massive de CO2 par des phytoplanctons. Eclairage.
Il aura fallu cinq ans seulement à BFS pour mettre au point son invention et déposer 22 brevets. À la tête de cette idée du siècle, Bernard Stroïazzo-Mougin, un ingénieur en thermodynamique français expatrié en Espagne.
La société espagnole Bio Fuel Systems (BFS) est à l’origine du premier procédé de conversion accélérée du CO2 en pétrole artificiel. Cette technologie de synthèse contrôlée, fruit de recherches menées en coopération étroite avec les universités d’Alicante et de Valence, a permis la création d’une première usine-pilote de production à Alicante, près de Valence.
Plus de vingt brevets déposés dans le monde et un procédé inédit d’ultra concentration énergétique donnent une productivité optimisée de pétrole à la tonne de CO2 capturé; un des gros points forts qui distingue nettement BFS dans la filière mondiale des producteurs de biocarburants à partir d'algues.
Un principe inspiré de la nature
Inspiré du processus naturel de formation du pétrole d’origine fossile, le procédé développé capture les rejets industriels de CO2 pour les transformer en un pétrole de qualité similaire au pétrole d’origine fossile (norme IFT), mais sans métaux et offrant les même possibilités de produits dérivés (plastiques, polymères…). De multiples coproduits et sous-produits à forte valeur ajoutée, tels les acides gras essentiels de type omégas 3, omégas 6…, confortent la rentabilité et l’amortissement d’une usine BFS qui fonctionne en continu 24h/24 et sur plus de 8.000h/an !
Un enjeu écologique, sociétal et économique
A l’heure où les capacités de régénération de la planète semblent dépassées, la percée technologique de BFS se révèle être une solution de premier plan pour éliminer les rejets industriels de CO2, répondre aux objectifs européens de lutte contre le réchauffement climatique et réduire la vulnérabilité énergétique des pays vis-à-vis des hydrocarbures. La technologie BFS est également une source d’allégement des taxes carbone pour les industriels et un nouvel espace financier de profitabilité sur le marché mondial du carburant algual estimé à 1,3 milliards de dollars d’ici 2020.
L'unité d'Alicante occupe 11 hectares, soit 20 terrains de football, sur le site de la cimenterie Cemex. Elle absorbera 130000 tonnes de CO2 pour produire 60000 barils de biopétrole et 400 tonnes de nutriments par an. (ba)
La technologie
Phytoplanctons et cyanobactéries
Le phytoplancton et les cyanobactéries sont des organismes vivants unicellulaires microscopiques, ancêtres de toutes formes de vie animale et végétale, et à l’origine du pétrole qui s’est formé à partir de leur décomposition. Ce sont des organismes « autotrophes », qui utilisent pour leur croissance un processus photosynthétique semblable à celui des plantes. Ce sont d’authentiques usines biochimiques en miniature, capables de réguler le CO2.
Le phytoplancton marin est responsable de plus de la moitié de la fixation totale du CO2 sur notre planète. Le rendement de ces micro-algues est nettement supérieur à celui des plantes terrestres. En effet, certains de ces micro-organismes unicellulaires se divisent par mitose toutes les 24 heures et se multiplient à l’identique sans autre apport que la cellule d’origine, de la lumière, de l´eau et du CO2. Les équipes de recherche biologique BFS travaillent à partir de souches de phytoplancton à haute teneur en lipides, sélectionnées parmi plus de 30.000 espèces répertoriées, sans manipulation artificielle et sans prélèvement sur la biodiversité.
La concentration cellulaire normale de ces micro-organismes dans l’eau de mer est de l’ordre de 100 à 300 cellules par millilitre. En milieu d’élevage, BFS atteint dans ses bioréacteurs une croissance exponentielle des micro-algues avec des concentrations de 500 millions à 1 milliard de cellules par millilitre ; une avancée technologique qui permet à BFS d’obtenir une biomasse à haut dosage énergétique puis, par extraction thermochimique, un pétrole artificiel de qualité élevée !
La captation du CO2
Le CO2 est le principal élément du cycle du carbone. Il intervient dans les échanges de carbone entre les êtres vivants, l’atmosphère et les éléments photosynthétiques. La technologie BFS vise à capturer le CO2rejeté par les industries en installant ses implantations à proximité. Le processus de traitement du CO2 permet de passer d’un carbone gazeux capturé (CO2) à un carbone organique (1 kg de biomasse dispose de 52% de carbone) pour arriver à un carbone minéral avec 65% de carbone et produire en toute fin un hydrocarbure avec 85% de carbone; garantissant dès l’origine un pétrole BFS pleinement utilisable dans un moteur à combustion.
Enfin, la production journalière BFS élimine 938 kg de CO2 issu des émissions anthropiques par baril produit et convertit 2.168 kg de CO2 par baril.
L'inventeur
Bernard Stroïazzo-Mougin, Président-fondateur
Ingénieur thermodynamique de formation, Bernard Stroïazzo-Mougin débute sa carrière au sein de l’entreprise familiale spécialisée dans la construction de centrales thermiques et d’usines de distillerie en France, en Allemagne, en Turquie et au Moyen-Orient. Il poursuit sa carrière au sein de Thomson–CSF dans la défense et l’ingénierie des systèmes avant de rejoindre North Atlantic Group, une entreprise de maintenance et d’ingénierie dans le domaine de l’aviation dont il assurera le développement.
Parmi ses projets de recherches basés sur l’étude des phénomènes électromagnétiques terrestres, Bernard Stroïazzo-Mougin est notamment à l’origine des brevets «phénomène d’ionisation en milieu subaquatique» et «contrôle des champs magnétiques artificiels». Avec une équipe de scientifiques et d’ingénieurs et le soutien des universités espagnoles d’Alicante et de Valence, il conçoit et développe le premier «procédé de conversion énergétique accélérée» qui permet de valoriser les émissions industrielles de CO2 en un pétrole de qualité, similaire au pétrole d’origine fossile. (ba)
Le journal de tf1 du 31 janvier 2011