09:32 ARCHITECTURE

Ces « cascarones » de béton qui allient esthétique et économie de matériau

Écrit par: Jean-A Luque
Teaserbild-Quelle: Jean-A. Luque

Avant-gardiste, l’architecte espagnol Félix Candela a démontré qu’il était possible de concevoir des structures avec très peu de moyens en utilisant des formes innovantes alliant légèreté, élégance et science de l’ingénierie. Une rétrospective a levé le voile à Genève sur ses coques de béton.

Rétro Candela Sicli 3

Crédit image: Jean-A. Luque

L’ancienne usine Sicli – aujourd’hui Pavillon Sicli – est reconnue parmi les bâtiments d’intérêt du XXe siècle à Genève. Un écrin idéal pour exposer le travail et les maquettes de Félix Candela.

Impossible de trouver plus bel écrin pour mettre en valeur le travail de Félix Candela. Fasciné par l’ingénierie, ce dernier a créé des bâtiments d’une élégance et d’une légèreté à couper le souffle avec des coques d’une finesse extrême, des voiles de béton aussi gracieuses que résistantes. Et c’est au Pavillon Sicli, à Genève, dans cet édifice à la coque de béton tout en courbe et légèreté qu’une exposition a mis en valeur avec force maquettes, dessins, plans et photos le travail exceptionnel de l’architecte espagnol, exilé au Mexique.

Rétro candela Sicli 1

Crédit image: Jean-A. Luque

Spécialement créée pour l’exposition, une reproduction inédite du Pavillon du jardin botanique d’Oslo (1962), à l’échelle 1 : 3, a plongé les visiteurs dans une exceptionnelle mise en abîme.

L’exposition qui s’est tenue du 23 août au 15 septembre, soutenue notamment par Induni & Cie SA, a mis en lumière plus de vingt bâtiments emblématiques issus de l’œuvre singulière de Candela. Pièce maîtresse de l’événement, spécialement créée pour l’occasion, une reproduction inédite du Pavillon du jardin botanique d’Oslo (1962), à l’échelle 1 :3, a plongé les visiteurs dans une exceptionnelle mise en abîme. Protégée par la toiture du Pavillon Sicli, conçue et réalisée par l’architecte Constantin Hilberer et l’ingénieur Heinz Isler, elle se faisait l’écho visuel des innombrables maquettes exposées.

Une réponse aux défis d’aujourd’hui
Admirer aujourd’hui l’œuvre de Félix Candela, né en 1910, c’est redécouvrir les avantages structurels et virtuoses de la paraboloïde hyperbolique. Les coques de béton qu’il élève – appelées « cascarones » - se caractérisent en effet par des doubles courbures gracieuses, mais aussi par l’économie de matériau employé. Une rationalité qui s’explique par les conditions dans lesquelles l’architecte a œuvré au Mexique dans les années 1950.

A l’époque, le béton est aussi rare que cher, alors que la main-d’œuvre est abondante et bon marché. Les toitures sont développées à partir de lignes droites, avec des coffrages et poutres rectilignes particulièrement économiques. Sur les chantiers, des centaines d’ouvriers travaillent à la main, amènent le béton avec des seaux, puis talochent. Une méthode aussi simple qu’efficace et rationnelle.

Rétro Candela Sicli 6

Crédit image: Jean-A. Luque

Photos, plans, dessins et maquettes à diverses échelles ont permis d’apprécier les multiples facettes de l’œuvre de l’architecte espagnol.

Face aux défis climatiques, l’héritage de Candela résonne aujourd’hui à travers sa recherche constante de la minimisation de matière utilisée, visant à réaliser des constructions plus légères et plus durables. Le résultat, ce sont des pièces résistantes par leur forme autoportante, sans éléments structurels altérant la silhouette. Et les toitures reposent si subtilement sur le terrain qu’elles semblent s’envoler et flotter en apesanteur.

Candela, le professionnel aux multiples talents
Architecte de formation, Félix Candela a œuvré également en tant qu’ingénieur et entrepreneur au travers de son entreprise Cubiertas Ala. En deux décennies, jusqu’à la fin des années 1960, il a développé quelque 1500 projets, dont plus de la moitié a été réalisée. Au fur et à mesure de la construction de nouvelles structures, l’homme a expérimenté des coques toujours plus audacieuses.

Rétro candela Sicli 5

Crédit image: Jean-A. Luque

Sur les rives des canaux de Xochimilco, une zone de loisirs de Mexico, Candela a érigé en 1958 l'une de ses structures les plus célèbres : le restaurant Los Manantiales, une voûte à huit segments d'une superficie de 900 m². L’œuvre a beaucoup souffert des outrages du temps et des travaux de transformation ont malheureusement dénaturé l’ouvrage.

Les toitures conçues avec des paraboloïdes hyperboliques se répartissent en deux catégories :  les « parapluies » et les « voûtes d'arête ». Les premières sont formées de segments d’hypars rejoints en une colonne centrale qui transmet les charges au sol. Un type de structure très demandé pour les bâtiments industriels et de services.

Pour leur part, les « voûtes d’arête » sont obtenues par l’intersection de deux berceaux et s’inspirent de la voûte d’arête utilisée en architecture depuis l’Antiquité. C’est avec cette famille de « cascarones » que Candela signe ses plus belles réussites esthétiques.

Touché par la grâce
Parmi la vingtaine de créations exposées au Pavillon Sicli, on a pu découvrir entre autres la Bourse de Mexico (1954), les chapelles de Cuernavaca et de Coyoacan (1959), l’église San José Obrero à Monterrey (1969) ou encore l’église de la Medalla Milagrosa à Mexico (1954), influencée par les formes de Gaudi. C’est principalement dans cette architecture religieuse que le travail de Candela est le plus impressionnant, lui qui considérait qu’il s’agit là de « la meilleure opportunité qu’un architecte puisse avoir pour tenter de créer quelque chose de transcendant ».

Ses dernières œuvres importantes ont été le Palais des Sports pour les Jeux olympiques de 1968, ainsi que trois stations de métro inaugurées en 1969. Décédé en 1997, Candela a encore laissé un ultime legs, né du travail commun avec l’architecte espagnol Santiago Calatrava : l’aquarium Oceanografic de Valence, inauguré en 2003.

Autres articles intéressants

Annonces

Profils d'entreprises

Commerce de fer fribourgeois SA

Trouvez facilement et simplement des contacts avec des artisans et des fabricants grâce aux nouveaux profils d'entreprise.

Rapports

analyse

Rapports gratuits sur l'industrie de la construction

Encore plus d'analyses trimestrielles au contenu riche, gratuites pour les abonnés de Baublatt. En plus de l'analyse Batimag, qui s'appelle désormais «Batimag Project Categories», vous recevrez à partir d'avril 2025 deux tout nouveaux rapports en complément. Découvrez ici ce que «Batimag Top Players» et «Batimag Regional Projects» ont à vous offrir - comme d'habitude de manière numérique, concise et graphique.

Dossiers

Bois

Bois

Le bois dans tous ses états

S'abonner à la newsletter.

newsico

Avec la Newsletter-Batimag, vous recevez régulièrement des nouvelles pertinentes et indépendantes sur l'actualité de la construction en Suisse et dans le monde.