Les architectes végétalisent les immeubles en construisant en hauteur
Construire des tours ne peut plus omettre un aménagement écologique. Le deuxième Afterworks de la Documentation suisse du bâtiment a tiré un bilan intermédiaire de la conception d’un milieu urbain dense. La cause climatique s’invite fortement pour proposer plus de bien-être en architecture.
Crédit image: Philippe Chopard
L’architecte Inès Lamunière (debout) plaide pour une construction en hauteur allégée de ses contraintes réglementaires et de l’influence de ses coûts trop élevés.
C’est une sorte de bilan intermédiaire de la construction en verticalité que la Documentation suisse du bâtiment, de Docu Media GmbH, a livré lors d’une table ronde à Genève, mercredi 6 octobre 2021. Pour son deuxième rendez-vous romand, cet Afterworks a débattu en hauteur et en verticalité, en présence de quelque 50 architectes et professionnels du bâtiment. Avec pour constat que la densification urbaine doit s’orienter davantage vers la recherche du plaisir d’habiter ou de travailler dans des locaux aménagés de manière écologique.
« La densification nous hante depuis 15 ans, a déclaré d’emblée le modérateur des débats, le professeur à l’EPFL Bruno Marchand. Elle s’invite dans nos projets du fait de la décision du peuple suisse de contenir le mitage du territoire. Cependant, construire en hauteur pour réduire l’emprise au sol ne suffit pas à relever le défi posé par l’urgence climatique ».
Crédit image: d-la designlab architectes
Le projet de la nouvelle tour de la banque Pictet à Genève prévoit d’augmenter la hauteur au plafond pour le plaisir des occupants et visiteurs de ses futurs bureaux.
Pour Inès Lamunière, « les architectes ne sont plus seuls à devoir convaincre les maîtres d’ouvrage à construire en hauteur de façon à rechercher le bien-être dans la construction. C’est tant mieux, car nos projets qui incluent des éléments paysagers se heurtent au poids des habitudes et sont plus chers ».
La hauteur au
plafond fait débat
De là à redessiner l’architecture, il n’y a qu’un pas, trop peu souvent franchi
en raison des contraintes réglementaires imposées à la construction verticale.
Comme par exemple, la hauteur au plafond. Inès Lamunière, dans son projet de
nouvelle tour pour la banque Pictet, à Genève, souligne combien l’augmentation
des volumes en hauteur peut faciliter leur aménagement paysager, comme par
exemple la pose d’un jeu d’eau ou une végétalisation intérieure abondante.
« Nous devons faire exploser cette hauteur maximale de plafond »,
plaide-t-elle. Henrik Siebenpfeiffer, son collège du bureau Duplex de Paris et
concepteur de la future tour en bois de Zoug, abonde. « Nous devons aussi
penser à créer des sous-niveaux dans chacun des étages pour mieux penser l’habitat
en hauteur », renchérit-il.
Crédit image: Duplex Architectes
Le projet de tour en bois à Zoug soutient l’idée de la création de sous-étages pour améliorer l’aménagement intérieur.
L’époque des cages à lapins, si caractéristique d’une architecture stalinienne basée sur la simple fonction d’habitation, semble donc être révolue. Elle ne résiste pas aux projets qui valorisent l’urbanisme paysager. Le combat pour le climat introduit une nouvelle conception de la densification. Les architectes sont invités à le prendre en compte.